mercredi 30 mai 2007

Tour de table ronde...

Oyez, oyez,

Veuillez noter chers lecteurs avides et assidus que le week-end prochain débutera le premier "cycle" du blog.

Pour démarrer ce nouvel aspect du blog, qui consistera à réunir trois livres autour d'un même thème ou d'un même auteur, voici venir le Cycle Arthurien : trois livres autour de la figure emblématique du Roi Arthur, trois auteurs qui démontrent que la légende est toujours intacte et qu'aux romans bien nés la valeur se moque du nombre des années !

Mosaïque de la cathédrale d'Otrante (1165), en Italie, représentant Arthur.

dimanche 27 mai 2007

Stupeur et égarement...


On signale la sortie du très prenant Tokyo - All Alone in the Big City de Graham Marks. Le roman est sorti le 2 mai dernier sous le titre Tokyo - Perdus dans la grande ville chez Albin Michel, dans la collection Wiz.
Il est traduit de l'anglais par Nathalie Peronny.

vendredi 25 mai 2007

Carnets de voyage



Titre : The Valley of Secrets

Auteur : Charmian Hussey

Publié en 2003 par Hodder

465 pages

Résumé : Stephen Lansbury est un orphelin qui ignore tout de sa famille. L'école n'est apparemment pas son fort mais Stephen est un garçon débrouillard et attentif, passionné par la nature. Une lettre arrive alors et elle va changer sa vie : à la suite du décès de son grand-oncle, Theodore Lansbury, il hérite d'une grande et vieille demeure en Cornouailles, Lansbury Hall.
Mais le testament prévoit certaines conditions et Stephen se pose de nombreuses questions sur ce mystérieux grand-oncle dont il ne sait rien. Il se rend alors sur place et découvre la grande maison, l'immense propriété qui s'étend de la lande à la mer. Un curieux domaine ou des créatures étranges semblent l'épier, où des traces bizarres jonchent les meubles...
Stephen retrouve dans la bibliothèque les journaux intimes de son grand-oncle Théodore, où ce dernier relate un long et périlleux voyage en Amazonie qu'il entreprit avec un ami au début du XXème siècle. Au travers de ces lectures, Stephen prendra lui aussi part à ce voyage inoubliable qui changera à jamais le regard des jeunes explorateurs sur le monde.

Le livre : un très long roman, touffu, complet et gratifiant. Un roman qui dure le temps des grandes vacances et qui, s'il est apprécié, marquera et approfondira la conscience écologique du lecteur.

Le récit : Le récit est articulé de manière assez magistrale autour d'un unique personnage solitaire : le jeune Stephen. Il voyage seul de Londres en Cornouailles, il doit se débrouiller seul à Lansbury Hall et c'est toujours seul qu'il se retrouve malgré lui plongé au coeur du voyage de son grand-oncle, un voyage effectué près de 70 ans plus tôt.
Très introspectif, le récit immerge le lecteur dans une aventure individuelle, solitaire, mais qui n'en reste pas moins prenante et palpitante.
Un deuxième temps, celui du récit de Théodore prend place au coeur du premier, et comme Stephen, le lecteur est captivé par l'aventure qui emporte les deux jeunes explorateurs (Théo et le mystérieux "B."). Si la première moitié du roman se savoure plus lentement, la seconde se dévore.

Le style : La principale caractéristique du livre amène son principal inconvénient : l'évolution solitaire du personnage de Stephen est l'objet et le prisme de longues descriptions. L'introspection et la mise en place de l'environnement à la fois mystérieux et magique des paysage des Cornouailles sont les deux vecteurs de la première moitié du roman. Cet aspect peut-être à double tranchant, et particulièrement dissuasif pour les lecteurs allergiques à ces longs passages descriptifs et qui préfèrent l'action et l'abondance de dialogues.
A noter que The Valley of Secrets n'est jamais pesant. L'atmosphère mise en place par les descriptions fait la part belle à l'intrigue et au suspens qui tiennent le lecteur en haleine.
La narration est quant à elle sans défaut. Généreuse, amusée, pleine d'humour, l'auteur nous livre une voix amie dans ce monde empreint de solitude, d'interrogations et finalement de doute. Sans jamais bêtifier, elle pose des questions très simples, en évitant soigneusement d'offrir des réponses simplistes. Loin de sujets sensationnels et de sentiments artificiels, quelques uns des "grands thèmes" (diversité, tolérance, respect...) sont abordés avec justesse et humilité.
L'omniprésence des plantes, des animaux et de l'intérêt que leur porte Stephen offre un joli support au message écologique, qui n'est plus vain et moralisateur, mais réel et immédiat.
Les personnages sont attachants, bien élaborés et - c'est peut-être le plus magique - conservent tous leur part de mystère. L'interaction incessante entre les personnages et les environnements naturels deviennent les principaux piliers du roman, et établissent de ce fait une relation durable entre le lecteur et les valeurs défendues par l'intrigue, notamment par le biais de quelques passages très poignants.

Les atouts, la ligne éditoriale : Une fois encore, le roman est long et touffu. C'est une "grosse" lecture qui demande une implication intellectuelle et émotionnelle, que le lecteur (entre 9 et 13 ans) passionné de nature ne manquera pas de lui accorder. Le principal "handicap" du livre, ses descriptions, pourra devenir son principal atout si le lecteur est séduit par l'univers.
Le roman n'oublie pas d'initier un rapport intime avec les passions, les craintes et les espérances des personnages. La fin, très émouvante, s'imprime de manière durable sur le lecteur qui fait siennes les motivations écologiques des personnages.
L'identité, la famille, la tolérance, le respect des cultures et de la nature sont les fers de lance de ce beau récit, qui fait d'un long voyage en Amazonie une prise de conscience universelle.
Comme pour mieux étayer et justifier son propos, l'auteur propose, en exergue, un glossaire des espèces citées dans le roman, avec quelques informations complémentaires, ainsi qu'une liste d'organisations écologiques et humanitaires, poussant ainsi le lecteur à s'informer.

Un très beau roman, une lecture gratifiante et un éveil aux problèmes tentaculaires de l'écologie (plus précisément ceux de la déforestation, de la défense des espèces animales mais également des ethnies en danger) qui appellent à la prise de conscience mais aussi à l'engagement.
Le fait de publier ce genre de romans pourrait-il devenir un acte de citoyenneté et d'écologie ? A méditer...

vendredi 18 mai 2007

La Grande Famine en Irlande


Titre : Nory Ryan's Song

Auteur : Patricia Reilly Giff

Publié en 2001 par Scholastic

152 pages


Résumé : Nory Ryan, 12 ans, vit sur la côte irlandaise avec sa famille. La Grande Famine de 1845-1852 fit plus d'un million de morts. Trois millions d'Irlandais immigrèrent vers les Etats-Unis. Prise dans les tourments de la période la plus noire de l'Irlande, Nory évolue entre la faim, le désespoir, l'amour des siens et de sa terre, le rêve d'une l'Amérique où personne ne connait la faim, l'indifférence des classes dominantes. Elle tente, avec sa famille, de survivre.

Le livre : Un roman, court, concis, direct, qui touche un thème finalement peu abordé parmi les fiction historiques jeunesse : la Grande Famine en Irlande qui fit entre 500000 et deux millions de morts de 1846 à 1851.

Le récit : C’est au travers du regard de Nory que l'on découvre ce petit bout de côte irlandaise. L'auteur donne, de manière intuitive, les clés pour comprendre l'origine de la famine : on devine, d'après les descriptions naïves de Nory, les méthodes agricoles dérisoires et peu adaptées, l’omniprésence du riche propriétaire terrien à qui les paysans versent un loyer souvent bien trop élevé, et l’apparition du parasite (le mildiou) qui réduisit à néant les récoltes de pommes de terre. D’abord la peur de la faim, ensuite la faim, puis les conséquences de la faim. L’Amérique est très présente dans le récit, comme une Terre Promise où personne ne manquerait de rien. Comme un but final que tous les protagonistes considèrent non plus comme une possibilité, mais comme une nécessité. Si ce désir d'Amérique est l’une des caractéristiques du récit, le déracinement et ses blessures apparaîssent en filigrane. On comprend, en lisant le postface de l’auteur, la motivation et l’enjeu personnel du récit : arrière-petite-fille d'immigrants, elle a voulu savoir puis raconter ce que personne n'osait ou ne voulait lui dire.

Le style : Le récit est raconté à la première personne. Conforme au personnage, une petite Irlandaise de douze ans, le langage est simple, mais très évocateur et très immédiat. Son rapport à la terre, aux chemins, aux champs qu’elle connaît si bien est abordé avec beaucoup de pudeur. Les thématiques dramatiques du roman sont rendues sans détours. La maladie, la pauvreté, le sacrifice, la peur, la folie d'une foule affamée et la mort sont bien évidemment évoqués mais la narration ne tombe jamais dans le morbide.
On regrettera que certains aspects de l’histoire et des personnages, comme les chansons qui égayent le quotidien de Nory, ou les recettes magiques que lui apprend la vieille Anna, ne soient pas plus appuyés.
Aujourd'hui encore, l'idée d'un "génocide" irlandais est avancée par certains historiens. Le débat fait rage quant à la responsabilité de l'Empire Britannique dans les centaines de milliers de morts. L'auteur, impliqué personnellement, ne tranche pas sur la question historique mais dénonce clairement les agissements de l'Angleterre. Ce faisant, elles dépeints les personnages malveillants de manière un peu monolithique et un peu caricaturale. Peut-être aurait-on gagné en puissance narratrice si les personnages avaient été moins délibérément cruels et plus effacés, plus méprisants.

Les atouts, la ligne éditoriale : Le roman (destiné aux 9-12 ans) est avant tout une fiction historique. Le récit à la première personne offre une impression de témoignage et permet au jeune lecteur de pénétrer plus complètement dans l’histoire. La thématique de la famine, inconnue des sociétés occidentales, est intéressante à aborder. L'amour familial, l'amitié qui lie la petite Nory à la vieille Anna, sont les valeurs les plus défendues dans le roman.

Mesuré et poignant, ce court roman s'impose comme un devoir de mémoire.

Bienvenue à bord

Bienvenue à tous !

Un blog tout beau tout neuf pour parler de littérature (encore ?!) oui, mais de littérature jeunesse (toujours ?!).
A l'ouest, rien de nouveau dira-t-on, plusieurs sites spécialisés font ça très bien (on les retrouvera donc en lien sur cette page). Oui, mais ici, on nage en amont.
A l'origine des traductions se trouve parfois, souvent même, un gros coup de coeur. Les notes de Book-à-oreille feront donc état de ces coups de coeur pour des romans plus ou moins récents, qui ne sont pas encore paru en traduction en France.
Des romans à savourer en V.O. pour ceux qui le peuvent, à guetter avec impatience pour ceux qui attendent de les lire en traduction et, pourquoi pas, à publier d'urgence si d'aventure, des éditeurs séduits y trouvaient leur bonheur.

On espère à terme un blog très collectif, des lecteurs très réactifs et bien entendu, pour tous, de merveilleuses lectures !