lundi 25 juin 2007

Oeil pour oeil...

[C'est encore le cafouillage, entre traduction pour M. et lectures pour A. D problèmes postaux et d'organisation délaient un peu le reste des romans arthuriens et des lectures hébdomadaires. Courage, on va y arriver !]
Titre : The Enemy Has a Face

Auteur : Gloria D. Miklowitz

Publié en 2003 par Eerdmans Books

139 pages

Résumé : Netta et sa famille ont emménagé à Los Angeles il y a trois mois. Avant, ils habitaient en Israël, avec son quotidien d'angoisse, de méfiance, de peur, de haine, de conscience politique. Un matin, Adam, le frère de Netta, n'est plus là : il n'est pas rentré. Ca ne lui ressemble pas. Ce lycéen drôle et responsable n'est pas du genre à fuguer, à s'enfuir sans prévenir ou rassurer sa famille. Les jours passent et Adam ne revient pas. La police le cherche mais ils n'ont aucune piste. Netta, de son côté, mène l'enquête. Tout ce qu'elle sait, c'est que le jour où il a disparu, Adam est parti avec une fille, dont il est certainement tombé amoureux. Mais après ?
L'angoisse monte, et les suspicions avec elle.
Et il y ce garçon, Laith, un palestinien qui semble s'accrocher à Netta parce qu'ils viennent de la même terre, qu'ils parlent la même langue, qu'ils ont plus de choses en commun qu'avec les autres. Et si c'était les siens, son peuple, ses proches, ses frères qui étaient responsable de la disparition d'Adam ? Et si la haine immémoriale que les deux peuples se vouent les avait poursuivi par delà l'atlantique ?

Le livre : Le roman se lit d'une traite. Rapide, d'aspect facile, il n'est pourtant pas simple à digérer. Gloria Miklowitz fait état avec une sobriété, une évidence et une factualité renversante des positions de chacun, sur un terrain apparemment neutre. Elle explique sans fard et sans dissimulation les préjugés qui nourrissent les communautés, l'embourbement des esprits comme celui du conflit. Dure mais très juste, la tonalité du livre présente un fait divers qui devient le miroir d'un quotidien culturel.

Le récit : Raconté à la première personne, le livre suit environ un mois de la vie de Netta, un mois dur et interminable pétrit de doutes, d'attente, de chagrin et de peur. Introspectif mais jamais voyeur, le récit nage entre deux eaux: entre la vie qui s'arrête et la vie qui continue, entre le fait de vouloir s'intégrer et celui de conserver à tout prix son identité, entre le fait de s'accrocher à ses préjugés et celui de vouloir comprendre.
La démarche du roman est très ambitieuse, le message en filigrane est subtilement amenée. L'auteur cherche à explorer les mécanismes de la compréhension, du dialogue et ce, d'une manière totalement réaliste. Les deux "prantagonistes" restent campés sur leur préjugés, mais une curiosité, une volonté de savoir les pousse à s'écouter, ou à tenter de s'entendre. Un joli début de discussion en dent de scie qui n'en reste pas moins un pas de géant pour l'humanité.

Le style : Dans un style simple, à travers les mots d'une adolescente, l'auteur développe une dualité du langage, celui de l'enfermement, du repli sur soi et celui de la volonté d'ouverture, de connaissance. Le suspens est maintenu mais le rythme et le volume du livre lui permet de ne pas écraser le récit, ou de lasser le lecteur à force d'angoisse trop répétée.
La narration permet de faire passer les émotions, les cris de révoltes d'une adolescente impuissante, parfois victime et parfois responsable, souvent perdue.

Les atouts, la ligne éditoriale : Ce livre, peut-être davantage ciblé pour les 12-16 ans, dit beaucoup de choses importantes, essentielle sur les relations entre les ethnies du Proche-Orient. En mettant les pieds dans le plat, en mettant à nu les préjugés, les horribles affirmations haineuses des uns et des autres, G. Miklowitz fait table rase, donne les cartes. Partant de là, elle construit son château, frêle, branlant, improbable de relations interdites et semble se diriger vers la nature du vrai dialogue. Celui qui n'est pas neutre, celui qui est chargé d'idées reçues, de peur, de haine ; celui qui pour mieux se construire doit d'abord se dépouiller.
Un texte nécéssaire, qui malgré son style simple, son intrigue évidente délie les langues et lance un pont, peut-être une échelle de corde, vers un début compréhension et d'acceptation.
A TRADUIRE D'URGENCE !

vendredi 8 juin 2007

Interruption

Chers lecteurs,

Suite à une petite avalanche de travail (on ne va pas s'en plaindre), mes activités bloggesques seront retardées. De ce fait, il n'y aura pas de nouvelle note ce week-end et les suivantes seront davantage espacées. J'essaierai d'adapter mon travail au mieux afin de pouvoir offrir des fiches de lecture sur une base régulière.
Navrée pour cette période de flou et à très bientôt.

mardi 5 juin 2007

Pas de sabot, pas de cheval


[Suite à un week-end un peu chargé, la note de la semaine avec un léger retard]

Titre : Black Horses for the King

Auteur : Anne McCaffrey

Publié en 1996 par Harcourt

217 pages

Résumé : Après la ruine et du décès de son père, un jeune aristocrate, Galwyn Varianus est embarqué comme apprenti sous la houlette tyrannique de son oncle. Lors d'une traversée, il fait la connaissance des clients de son oncle : Artos, le Comes Britanorum et ses Compagnons. Artos souhaite se rendre au marché de Septimania afin d'y acheter des chevaux lybiens, les seuls assez robustes pour supporter des cavaliers armés. Artos a besoin de ces chevaux pour mener à bien son plan afin de chasser les envahisseurs saxons. Devinant les possibilités et la loyauté du jeune Galwyn, Artos requiert son service pour l'accompagner jusqu'à Septimania.

Le livre : Un livre d'apprentissage, qui décrit avant tout la naissance et la poursuite d'une passion, celle que le jeune Galwyn va nourrir pour les chevaux. Ce roman court et sa narration bien rythmée décrivent une époque peu évoquée dans les romans historiques jeunesse. Le livre offre aussi une origine pittoresque à l'art de la ferrure en Grande-Bretagne.

Le récit : Il s'agit d'une narration à la première personne. C'est Galwyn, un jeune adolescent d'origine aristocratique qui nous conte sa rencontre et les débuts de son service auprès du Comte Artos, qui n'est autre que le mythique Roi Arthur. Divisé en quatre parties, le roman suit la progression géographique mais aussi personnelle du héros qui, du marché à la ferme de Deva puis de Camelot au champ de bataille de Glein devra coûte que coûte proteger, soigner, dresser puis finalement ferrer les chevaux sur lesquels toute la stratégie d'Artos repose.

Le style : Première femme a avoir reçu à la fois le prix Hugo et le prix Nebula, elle est plus connu pour la saga où elle dépeint l'univers de Pern. Black Horses for the King n'est pourtant en rien un roman fantastique. Dans un acte qu'elle définit comme délibéré, elle a souhaité écrire son roman arthurien dans un cadre le plus vraissemblable possible sur le plan historique, méprisant l'image Hollywoodienne qui voudrait faire d'Arthur un chevalier médiéval plutôt qu'un héros évoluant dans une époque immédiatement postérieure à l'ère romaine. Un style léché, parfois soutenu mais jamais barbant dévoile le récit, ponctué ici et là de mots ou d'expressions latines qui ajoutent au parfum historique du livre et qui offrent une Grande-Bretagne jusqu'ici peu racontée.

Les atouts, la ligne éditoriale : le roman se place donc d'abord et avant tout d'un point de vue historique, même s'il est difficile d'établir une légitimité quant au personnage d'Arthur. L'auteur justifie d'une volonté de rompre avec les clichés du genre et la figure mythique, en le plaçant comme figure secondaire, en commandant charismatique vu à travers le regard d'un adolescent.
On regrette cependant que l'intrigue ne poursuive pas davantage l'aventure d'Artos et que les derniers chapitres précipitent si rapidement l'intrigue.